maintenant qu'il fait toujours nuit sur toi. (marcus)
Jeu 1 Sep - 20:29
| Sur les vitres, il pleut. Des larmes qui coulent le long des carreaux lorsqu’elle ouvre les yeux, enveloppée par le murmure du réveil et le nuage brumeux du sommeil. Il pleut encore, quand elle se retourne sous les couvertures, à la recherche de l’heure d’abord, puis d’un mari à aimer. Mais la place à côté de la sienne demeure inlassablement vide. Alors Kelsey se laisse glisser hors du lit. Malgré la pluie, la nuit demeure maîtresse incontestée du paysage. La belle dame qui trône fièrement alors que les gens sombrent dans les rouages de Morphée, ou que d’autres doucement s’en extirpe pour emporter les premières heures de la journée dans une longue valse nocturne. Pieds nus sur la moquette, Kelsey sort de la douche drapée dans une serviette. Pieds nus sur le plancher de la cuisine, Kelsey enfile la chemise qu’impose son uniforme. C’est toute les jours la même routine, aux aurores, à peine, elle entame sa danse contre le temps, coiffe rapidement ses cheveux au dessus de sa nuque, enfile cette même tenue qu’on la force à porter, et qu’elle est pourtant la seule à voir. Si tôt, la terre entière oublie de réveiller les patrons. Seule les mains habiles des filles de la nuit pour faire briller le monde aux yeux des puissants. Kelsey fait les ménages. Kelsey hausse les épaules quand on lui demande de répéter. Finalement elle a appris à les aimer, ces réveils aux aurores, ces longues promenades sur les trottoirs vide, et surtout les tours de bureaux à nettoyer. Un boulot pourri comme un autre. Dans la cuisine, elle se hisse sur le plan de travail pour glisser des épingles dans ses cheveux alors que la machine à café tremble dans un boucan d’enfer. Peu importe puisqu’elle est seule. Il est tôt ou très tard, et pourtant elle jette un regard vers la porte, rongée par l’espoir de voir son ventre se délier. Mais la machine est la seule à faire du bruit, et Kelsey s’empresse de sortir une tasse du lave vaisselle qui n’a pas été vidé. Kelsey n’y fait pas attention, parce que Kelsey est lasse de tout un tas de choses. Kelsey vit pour faire tourner la routine, rien de plus. Alors elle fait glisser le café dans un thermos qui vient réchauffer ses mains froides. Elle a toujours la peau froide, c’est comme ça. A force d’être triste, on perd de sa chaleur. Son corps d’oiseau fragile, elle vient le recouvrir d’un épais manteau. Arrivée dehors elle couvrira ses cheveux sous la capuche pour se protéger de la pluie et du froid. Mais pas maintenant, pas encore. D’abord elle pousse la porte de l’appartement, comme chaque matin. De chez elle, chez eux parfois. Eux pour elle, et lui sur qui elle tombe dans le couloir. Le hasard des nuits d’été. Lui qui empeste l’alcool, le parfum de femme et le tabac froid. Lui qui malgré tout semble avoir retrouvé le chemin de la maison. Kelsey reste interdite, un moment, le regard posé sur l’homme à l’allure débraillé de garçon. Il est tard pour lui, tôt pour elle qui a finalement surement de l’avance. Alors elle s’approche et effleure sa joue, doucement. Sa peau brûle ses doigts nus tant il est froid. Kelsey ne dit rien parce qu’elle n’a jamais su quoi dire dans ses moments là. Elle voudrait juste s’avancer tout contre lui, fermer les yeux pour se laisser guider. Mais elle ne le fait pas. Pour sûr qu’il l’enverrait balader. |
| juneau MESSAGES : 15
DEPUIS LE : 31/08/2016
PSEUDO : féefleur
AVATAR (c) : alice isaaz
DOUBLE-C : nop
 |
Accueil