(jazzel) plus moyen d'y échapper.

hazel & jazz

« Tu penses que le boulot vas se faire tout seul, Lawford? » Tu lèves les yeux de l'écran de ton téléphone par lequel tu as été momentanément happé, tu détestes être distrait au boulot, mais depuis deux semaines ton mobile ne cesse de t'appeler pour vérifier que tu n'as reçu ni appel, ni message et t'es impuissant face à cette démangeaison qui te ronge chaque fois que tu le glisses dans ta poche pour qu'il te foute la paix. Ton employeur est un peu gonflé de te faire une remarque comme celle-là alors que t'es son meilleur employé depuis des années, tu ne dis jamais un mot de travers, t'es à l'heure tous les jours et les clients que tu croises t'adorent sûrement parce que t'as cette faculté à être charmant simplement en souriant, comme quoi la gentillesse attire bien des faveurs.

Malheureusement, elle t'attire aussi que des malheurs, tu t'ai fais trop de fois avoir par un tas de monde et il semblerait que ça recommence. Depuis dix-sept jours, tu n'as aucunes nouvelles d'Hazel. Tu pensais que tous les deux ça collait, tu t'attendais pas à vivre un truc de dingue avec une nana ramenée d'un bar, mais celle-ci était différente, tu l'aimais bien, un peu trop même et t'étais dans le pétrin maintenant. Pourquoi, t'apprends pas de tes erreurs? Coucher deux fois, puis trois, puis douze avec la même personne ça n'apporte jamais rien de bon.

En sortant du travail ce soir-là, tu sais déjà que tu ne vas pas rentrer directement chez toi. Tu prends le premier carrefour au lieu du troisième, tu connais cette route depuis quelques temps alors que t'y avais jamais mit les pieds avant. Tu arrêtes la bagnole juste devant la baraque d'Hazel, tu restes assis au volant deux minutes juste le temps de te préparer à ce que tu pourrais lui dire et puis tu te dis que t'as l'air sacrément con comme ça, alors tu sors, tu te diriges vers la porte et tu toques sans réfléchir, t'agis juste. T'es prêt à tourner les talons cinq minutes plus tard quand personne ne vient t'ouvrir, mais soudain la porte grince et une silhouette familière fait son apparition devant toi. « Haz, je m'apprêtais à appeler les flics justement, content de savoir que t'es toujours vivante, t'as fait tomber ton portable? » Tu montres pas que ça t'importes son silence, t'as la voix posée, qui tremble pas, tu t'impressionnes parce que t'es vraiment un mauvais menteur généralement.

Ça fait quelques jours déjà, quelques jours que t'essaies de te mentir à toi même, que t'essaies de l'effacer de ta vie. T'as accepté trop de fois, t'as laissé ton cœur parlé et t'aurais jamais dû, c'est la première fois en dehors de Marcus que tu acceptes de partager ton lit aussi souvent avec le même. Ça devenait trop fréquent, trop dangereux, votre dernière nuit ensemble était celle de trop, t'avais de plus en plus envie de sentir son odeur, ses bras autour de ton corps, sa bouche contre la tienne. T'avais besoin de temps pour réfléchir et t'en es venu au fait qu'il était mieux pour toi de le virer de ta vie, de l'effacer, de tourner la page, si Marcus l'apprenait, remarquait quelque chose, ouais comme dis plus tôt, ça devenait bien trop dangereux pour toi. Tu ne sais pas trop ce qui t'arrives, mais mettre une croix sur lui t'as semblé étrangement difficile, au niveau de la tête mais surtout au niveau du cœur, t'en avais pas envie, vraiment pas.
Le nez sur ton téléphone, sur toutes tes notifications, tu ne t'étais même pas donné la peine d'ouvrir ses messages, tu avais même supprimé son numéro, tu te contentais de lire ses débuts de messages, le téléphone verrouillé, tu savais que si tu commençait à vouloir les lires, t'allais craquer.
T'avais la tête dans le cul, les cheveux ébouriffés, des cernes pas possible, comme si tu n'avais pas dormis depuis des jours, peut être même que c'était vraiment le cas. T'étais vêtue d'un t-shirt noir beaucoup trop grand pou toi, couvrant tes fesses à demi-nues, t'avais vraiment l'air d'une grosse junkie, d'une alcoolique ou d'une dépressive, c'est au choix. T'étais debout devant l'énorme fenêtre de ton appartement, t'avais vu sa voiture, et tu l'avais vu sortir de celle-ci. Ton cœur s'emballe, tu sais qu'il est devant ta porte, qu'est-ce que tu vas bien lui dire? T'en sais rien, t'as jamais été doué pour les excuses, et ce soir non plus, ça ne changera pas. Tu l'entends toqué, tu attends quelques petites minutes avant de lui ouvrir lentement, rien que de le voir devant toi, t'as qu'une envie c'est de lui sauter dessus et de le laisser te prendre, reprendre les bonnes vieilles habitudes. Tu le fixes, presque d'un air froid, comme si il n'était rien pour toi. Il tente de faire de l'humour, sûrement histoire de détendre l'atmosphère. « Lâches l'affaire, Jazz.» Sors-tu d'un ton froid en ignorant ses paroles. Tu pensais être une pro pour masquer tes émotions, pour faire comme si de rien n'était, mais t'avais l'impression que ce que ce que tu pensais était écrit sur ton front, en tout cas, dans tes yeux on pouvait clairement voir que ce que tu voulais était totalement le contraire de ce que tu lui as lancé.

Elle est mal en point, la gamine. Tu t'en rends compte dès que tu l’aperçois, ça lui ressemble pas de se négliger comme ça, les cheveux en bataille, le regard vide, les fringues dépareillés. « Lâches l'affaire, Jazz.» Étrangement, tu t'y attendais à ce qu'elle te dise un truc du genre pourtant tu sens quand même ton cœur se pincer, tu sais très bien de quoi elle parle quand elle te demande de lâcher l'affaire, mais tu préfères jouer les ignorants parce que c'est plus facile comme ça. « Quelle affaire? » Tu demandes en souriant, parce que tu souris toujours que ton caractère à la con refait surface même quand t'as pas envie. Pour te faire comprendre de quoi elle parle, elle commence à fermer la porte et là, tu paniques, la faille dans ton armure de gars qui s'en fout, pas d'attache, pas de sentiment, mon cul ouais. « Attends, attends. » Tu dis précipitamment, le pied qui empêche qu'elle referme le battant. « Putain Haz, ferme pas s'te plaît. » T'as le ton un peu désespéré, qui trahit nettement ce que tu ressens, mais tant pis. Tu sais que t'as tendance à un peu trop jurer aussi surtout dans des situations comme celles-là, mais il paraît que les gens honnêtes jurent tout le temps alors t'es presque fier de le faire.

La bonne nouvelle c'est qu'elle ferme pas, elle t’anéantit pas tout de suite, t'as une minute peut-être deux avant de te rendre compte que l'issue de cette rencontre sera fatale et de rentrer chez toi, l'esprit en vrac, le coeur en miette. « On est pas obligés de coucher ensembles, j'veux juste... » Tu sais même pas ce que tu veux, t'es perdu dans tes sentiments, t'as pas envie de ressentir quoi que ce soit pour une fille comme elle, elle ressemble trop à Blue, elle est sauvage, intrépide, elle se fout de tout, elle se fout de toi. « J'veux juste que tu me dises ce qui vas pas ok? J'sens bien qu'il y a un truc qui vas pas et je suis sûr que c'est pas moi. » Comment ça pourrait l'être? Il existe pas plus réglo que toi, tu fais jamais rien à l'envers, t'es une bonne âme, un bon samaritain, même avec les femmes avec qui tu ne fais que t'envoyer en l'air. Mais ce que tu sais aussi c'est qu'Hazel n'est pas du genre confidence sur l'oreiller, alors tu te mords les lèvres pour qu'elle ait assez pitié de toi et qu'elle te laisse entrer, pour pouvoir régler cette histoire en pouvant quand même te regarder dans un miroir ce soir.

Tu l'écoutes à travers ta porte, tu restes silencieuse, ne laissant voir aucune émotion sur ton visage, mais en réalité t'as le cœur qui se serre lorsque tu remarques le ton désespéré de Jazz, il était trop tard, il avait pas envie de te perdre, il était attaché, et tu es condamné à lui faire du mal jusqu'à ce qu'il se décide enfin à aller voir ailleurs, jusqu'à ce qu'il comprenne que t'es pas une fille pour lui, il est beaucoup trop bien pour toi. Tu mérites pas d'être avec un garçon comme ça, toi, tout ce que tu mérites, c'est quelqu'un qui te traite comme de la merde, comme une moins que rien, parce que c'est tout ce que t'es. Tu le laisses finalement entrer dans ton antre pendant que tu retournes à la place où tu étais avant, ton vieux canapé moisi. Tu t'y affales et poses tes jambes sur la table de chevet, tu fais un peu comme si il n'était pas là, en réalité. Le visage vide d'émotion, tu n'es pas prête à jouer les confidentes avec lui, rien de tel pour aggraver encore plus l'attachement que vous avez l'un pour l'autre. Tu sors calmement une cigarette de ton paquet, la porte à ta bouche et l'allume, ce n'était pas pour ton petit plaisir personnel, mais plus pour te détendre, parce que même si ça ne se voit pas, à l'intérieur, t'as le cœur serré et l'angoisse qui monte en toi. « Qu'est-ce que tu crois, Jazz ? Que je suis ta sœur de cœur ? Ta petite amie ? Que je vais commencer à te raconter ma vie autour d'un chocolat chaud et d'un film à l'eau de rose ? » Tu ne poses toujours pas tes yeux sur lui. « Mes problèmes ne te regardent pas, on a juste coucher ensemble, ça te donne pas le droit de pénétrer dans ma vie comme ça. » Tu décides finalement de tourner la tête vers le brun, tes yeux planté dans les siens. « T'es juste un plan cul parmi tant d'autres, mets-toi bien ça dans le crâne. » Boum, tu sais que ça fait mal, et t'as un nœud dans la gorge rien qu'en lui disant ça. T'as jamais menti à ce point, tes paroles étaient en total désaccord avec ton cœur, et que tu le veuilles ou non, ça se ressentait. « Tu ferais mieux de rentrer chez toi et de te trouver une mignonne petite copine au lieu de rester avec une nana comme moi. »

C'est surprenant, mais elle finit par lui laisser le champ libre, il reste une seconde encore sur le palier de la porte d'entrée le temps d'inspirer profondément, il sait que la suite de cette conversation ne risque pas d'être joyeuse, mais au lieu de remballer ses sentiments idiots et de se barrer d'ici avant d'avoir l'air ridicule, il pénètre dans la baraque, le cœur déjà en vrac. Il connaît l'endroit comme sa poche ce qui n'est pas forcément bon signe maintenant qu'il y pense, mais il a passé beaucoup de temps ici surtout à l'étage dans sa chambre. Il traverse le couloir pour la découvrir assise sur son canapé, une antiquité qui date sûrement du moyen âge et qui est plus utile que confortable. Il ne sait pas quoi lui dire alors il attend qu'elle commence et elle tarde pas Hazel à le poignarder, à le faire souffrir avec des mots qui font mal. « T'es juste un plan cul parmi tant d'autres, mets-toi bien ça dans le crâne. » Tu le savais. Tu le savais parce qu'elle l'était aussi au départ, parce que vous deux c'était juste pour s'amuser, mais les jeux ont finit par durer et aujourd'hui tu te retrouves embarquer dans cette merde que t'aurais préféré éviter.

« Tu ferais mieux de rentrer chez toi et de te trouver une mignonne petite copine au lieu de rester avec une nana comme moi. » « Ok. » C'est tout ce que t'arrives à dire, t'as ton cœur qui te fait mal dans ta poitrine alors que la blonde et toi vous vous regardez dans les yeux, tu montres rien depuis que t'as franchis l'entrée, tu veux pas avoir l'air de quémander quoi que ce soit. Le silence accablant s'impose entre vous, tu sais que tu devrais faire demi-tour, monter dans ta bagnole et partir de cette maison, mais ta fierté t'empêche de faire le moindre pas en arrière, tu veux pas qu'elle sache que ça t'affectes, tu souris encore, toujours, tu fais peine à voir à toujours prendre cet air heureux, comme si tu l'étais vraiment. « T'as faim? » Tu demandes. « Parce que j'ai fais trente minutes de plus que d'habitude pour venir ici et je crève la dalle, t'as des poivrons? » Tu te rends même pas compte que t'as l'air d'insister, tu disparais dans la cuisine, t'ouvres le frigo, t'as passé trop de temps ici alors c'est de sa faute, si tu te crois un tout petit peu son ami.

C'est raté, ta tentative pour le faire fuir a carrément tombé à l'eau, il est pas décidé à dégager, il reste là comme une moule attachée à son rocher. Ça te fait chier, parce que tu sais que tu pourras pas camoufler tes émotions éternellement. Il te demande si t'as faim, t'as pas mangé depuis des jours, et non, tu n'as même pas faim, ton ventre est déjà rempli par cette énorme boule qui sert ton intérieur, qui te compresse. Tu mime un non avec un hochement de tête. Tu portes ta cigarette à ta bouche, tirant une longue latte sur celle-ci, les doigts tremblant, tout ton corps commençait à trembler, tu savais plus quoi faire. Tu respires un grand coup, t'y arrives plus, ça y est, tu craques, tes yeux commencent à s'embuer sans que tu puisses le contrôler, sans que tu puisses te contrôler toi-même. « Jazz je t'en supplie … » Fais-tu d'une voix tremblante, la gorge serrée. Tu jettes ta cigarette à moitié terminé dans le cendrier et tu mets tes mains sur ton visage jusqu'à les faire passer dans tes cheveux, laissant voir tes yeux humides. « Je t'en supplie, sors de ma vie, je peux pas, je pourrais pas … » Tu ravales ta salive avant de respirer un bon coup pour essayer de te calmer un petit peu, de reprendre tes esprits, tu supportes pas de te montrer comme ça devant quelques, tu supportes pas de te montrer aussi faible, aussi mal. Tu réussis à te calmer, à retirer ces stupides larmes qui te montaient aux yeux, celles que t'as jamais voulu montrer à personne, celles que tu n'as jamais montré à personne d'ailleurs. Tu ravales ta salive et te retournes vers lui, les yeux encore légèrement rouge. « T'as pas envie de te poser avec quelqu'un ? De te trouver une gentille copine plutôt que de coucher avec moi ? Je suis qu'une source d'emmerde, tu mérites mieux, tu mérites pas quelqu'un comme moi, je suis une bonne à rien, à part faire souffrir les autres et donner ma chatte à n'importe qui, je sais rien faire d'autre. » Fais-tu en le regardant droit dans les yeux du début à la fin. « T'es trop gentil pour quelqu'un comme moi, Jazz, t'es trop gentil pour ce genre de relation. »

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