she is like a comet, kenna

Lasse de marcher sur de si hauts talons, la jeune femme les ôta et acheva de traverser la rue qui la séparait de chez elle pieds nus, bière dans une main, chaussures dans l'autre. Un frisson parcourut son échine quand un vent glacé l'enveloppa des pieds à la tête. Ce n'était pas une si bonne idée d'être sortie si peu vêtue, finalement. L'envie de lâcher prise du boulot et d'un flot de sentiments contradictoires avait conduit l'idiote à se jeter sur la première soirée qui passait et s'était ennuyée à mourir. Voilà qu'elle partait la première – trop tôt – avec son haut blanc et sa jupe trop courte alors qu'il faisait un froid polaire, pieds nus, et complètement bourrée. Un beau gâchis. Elle s'avachit plus qu'elle ne poussa la porte d'entrée de son immeuble, grimpa les escaliers en se tenant fermement à la rambarde et eut un mal fou à trouver le trou de la serrure. Voilà une éternité qu'elle n'avait pas été dans cet état. A présent, Maura se rappelait pourquoi elle évitait l'ivresse totale comme la peste. Dans ces moments-là, elle n'était plus capable de rien … A moins qu'elle ne soit capable de tout. […] L'appartement était vide et silencieux. Le plus silencieusement possible, Maura déposa ses talons dans l'entrée et fila jusqu'à sa chambre pour y abandonner son sac à main. Elle retourna au salon où elle se laissa tomber sur le canapé, pas tout à fait fatiguée. La jeune femme songea un instant à Kenna. Dormait-elle ? Etait-elle sortie ? L'envie de l'appeler ne manquait pas, mais elle était assez raisonnable pour savoir que ce serait la pire idée possible. C'était aussi délicat qu'harceler son ex de sms un soir de grande beuverie. A la place, elle alluma la télévision pour regarder le show des Kardashian en sirotant sa cannette. Ca, c'était vachement plus intéressant que la soirée qu'elle venait de passer. Pieds sur la table basse, le regard de Maura passa de l'écran de la tv à ses doigts de pieds qu'elle faisait communiquer les uns avec les autres avec des voix affreuses : « Ouais Kim t'es trop belle putain ! » « Merci Kendall, mais c'est toi la plus belle, t'es grave bonne. » Un gloussement nerveux s'empara d'elle. Si une partie d'elle-même savait qu'il serait largement plus sage d'aller au lit, son cœur lui dictait au contraire de rester. Maura avait envie de voir Kenna. Kenna et ses jolies lèvres, Kenna et ses jolies mains, Kenna et son sourire, Kenna qui parlait des étoiles, qui envahissait son espace vital, Kenna qu'elle laissait s'imposer dans sa vie, son intimité, son cœur et son esprit comme le plus doux des poisons. Ses joues prirent une teinte rosée. Un soupir s'échappa de ses lèvres, son palpitant se serra dans sa cage thoracique. Depuis quand ? Depuis quand était-ce ainsi ? Maura n'en savait rien. Elle ne voulait pas le voir, pas comprendre, pas savoir. Il n'y avait bien que lorsqu'elle était bourrée qu'elle se posait des questions là-dessus. Elle termina sa bière cul-sec et l'abattit de toutes ses forces sur la table basse devant elle, quand un bruit la fit sursauter. Elle se releva à la hâte, prête à se jeter sur celui ou celle qui avait pénétré les lieux pour la cambrioler ou l'assassiner. Ou tout simplement parce que le fruit de ses pensées venait de se matérialiser devant elle. Kenna. « Baby is coming home tonight ... » chantonna-t-elle en se dandinant légèrement. Ca, c'était une entrée en matière pourrie. « Bonsoir. Je, tu … Ca va ? » balbutia-t-elle encore. Elle tituba, se rassit pour ne pas tomber. Le monde tournait autour d'elle, et c'était plutôt mauvais signe.

Jetant un coup d’œil à son portable après vibration, elle aperçoit le qu'est ce que tu fais qui s'étale sur son fond de veille et gâche la photo d'elle et Maura. Kenna pause son épisode de Big Brother et récupère son téléphone pour répondre. Un truc super important pour le travail. C'était tout à fait plausible, si ce n'est que la tâche la plus importante à son travail se trouvait être se souvenir que Mark ne supporte pas le lait de vache et que Lou préfère son café ultra chaud et râle lorsqu'il est un degrés de moins. Convaincue que c'est un mensonge qui passera crème, elle remet en route son épisode, croisant les jambes sur sa chaise de bureau, récupérant son thé et soupirant lorsqu'il répond déjà. T'es habillée comment? - Sérieusement? Elle fixe son téléphone de longues secondes mais aucun je blague n'arrive derrière et les mots ne se déforment pas donc oui, il est parfaitement sérieux. Et Kenna envisage la chose. Elle sait très bien qu'il est capable de passer et s'il y a bien quelqu'un qu'elle ne veut pas voir ce soir, c'est bien lui. Sexto ce sera donc. Et il faut l'avouer, c'est quand même vachement plus facile de feindre un orgasme par portable interposé. Un crop top et un string blanc. Il fait super chaud dans mon appartement. Cliché bonjour. Mais Kenna avait onze ans lorsqu'elle a comprit que l'homme était con. Autant s'en servir. La blonde esquisse un sourire en baissant les yeux sur sa tenue, un vieux crop top avec un trou au niveau de l'omoplate droite, une vieille culotte de grand mère plus grise que blanche et ses longues chaussettes favorites, à l'esprit de noël fort prononcé. Autant dire qu'elle ne vend pas vraiment du rêve tout de suite. Elle n'est qu'un participant peu présent le long de cette conversation et elle se voit forcée de pauser de nouveau son programme cinq minutes après lorsqu'il l'appelle, le souffle court et s'attendant clairement à la trouver au bord du gouffre. - Oh oui, j'ai tellement envie de toi. Elle glisse, un peu à l'arrache, pas vraiment certaine d'avoir la bonne réplique et persuadée d'avoir un peu trop forcée sur l'enthousiasme. Clairement, elle aurait du prendre des cours de théâtre. - Oh oui je vais attends, j'ai entendu un truc. Elle coupe en plein milieu, reprenant sa voix naturelle comme si de rien n'était. Ce qui était tout à fait le cas puisqu'elle était toujours habillée et pas le moins du monde émoustillée. Le téléphone à la main, la ligne toujours ouverte, elle ouvre la porte et reconnait la voix des Kardashian avant que ses prunelles ne se posent sur Maura. Ses pommettes rosées, ses iris explosées et ses cheveux en bataille. Maura qu'elle voit tanguer e s'approche pour l'aider, bien trop loin, tendant tout de même une main au cas où. Maura qu'elle a attendue toute la soirée, sous prétexte que cette saison de Big Brother était absolument à regarder. Elle ne peut empêcher un sourire d'illuminer son visage suivi d'un rire en constatant l'état de sa colocataire. Magnifique. Qu'elle remplace rapidement d'un bourrée. Extrêmement et magnifiquement bourrée. - C'est à toi qu'on devrait poser la question. Elle ironise, la quittant deux minutes pour attraper un verre d'eau dans la cuisine et lui tendre une fois assise à ses côtés. Kenna ne s'assoit jamais loin de Maura, faisant toujours en sorte que leurs cuisses se frôlent, que sa main puisse venir caresser une joue, que son odeur imprègne ses narines. Stalker much, a tendance à lui lancer son cerveau mais comme toujours en ce qui concerne Maura, elle ne l'écoute pas et se concentre sur la jeune femme. Le nez contre son épaule, elle inspire doucement avant de poser sa tête sur cette dernière. - Je ne sais pas où t'as trainé mais tu sens la tequila. Yummy. Elle ajoute, le cou tendu pour s’empêcher d'y gouter. Parce qu'elle se doute qu'elle a aussi bon gout qu'elle ne sent Maura. C'est obligé, non? - Raconte moi, qu'est ce t'as fait, qui s'est fait qui? Elle se redresse légèrement pour remuer les sourcils à Maura et glisse un bras sous le sien, son rythme cardiaque s'accélérant irrémédiablement lorsqu'elle frôle un sein et termine sa course sur le haut de sa cuisse. - On voit ton soutif au fait, j'espère que t'as pas flashé Nick 2, tu sais qu'il est à moitié amoureux de toi déjà. Son regard glisse sur ce bout de peau qui s'offre presque à elle et qu'elle a tant bien que mal évité jusqu'ici. Pauvre Nick, le voisin d'à côté. Quelque part, Kenna espère qu'il s'en sort un peu mieux qu'elle.

La présence de Kenna avait quelque chose d'irrémédiablement réconfortant. Elle savait trouver les mots justes, les gestes apaisants, les attentions idéales. En résumé : elle était le parfait mari que toute femme désirait en ce monde. Maura but une longue gorgée d'eau, suivie d'une autre, et garda le verre froid dans la main pour son indéniable capacité revigorante. Sa tête s'appuya lentement contre celle de Kenna, frissonnante sous la caresse de ses doigts courant sur son corps, et un soupir s'échappa de ses lèvres. « C'était chiant, alors j'ai bu très très vite et je me suis cassée le plus vite possible … commença-t-elle à expliquer, avant de prendre : ... C'était chez Jordan, puis y avait toute la troupe de pimbêches connes comme des manches qu'il trouve cool mais qui n'ont rien dans le cerveau qui étaient là. Tu sais, Emily, Anita, Maureen et tout. Maureen a roulé des patins à Luke dans les chiottes alors qu'elle venait de vomir, et ça a énervé Emily qui a essayé de la pousser par la fenêtre, mais ça n'a pas marché. » déblatéra Maura en haussant les épaules nonchalamment. Si Kenna avait été là, elles auraient peut-être pu s'amuser. En l'occurrence, Maura avait passé la soirée à boire et écouter les cancans à propos d'Emily et Maureen qu'elle détestait depuis l'école primaire. Un rapide aperçu des énergumènes, et Kenna avait pensé la même chose. La jeune femme manqua de s'étouffer quand sa colocataire lui parla de Nick, et elle poussa un gémissement désespéré, comme si elle avait été au bout de sa vie. Elle ne fit aucune effort néanmoins pour cacher son soutien-gorge. Si Kenna le regardait, c'était un bon point pour elle. « Chui sûre que c'est de toi qu'il est amoureux. Quand il ose me parler, il ne me parle que de toi. Ou de nous. » Maura baissa les yeux vers Kenna, et approcha son visage de celui de la sublime blonde pour frotter son nez contre le sien ; bisou papillon. C'était d'un vrai baiser dont elle avait envie en cet instant, mais ce n'était pas normal, si ? « J'ai du lui dire qu'on allait se marier toutes les deux et partir vivre en Californie pas plus tard que tout à l'heure. » Et là, contre son nez, Maura esquissa un sourire radieux avant de reculer à contre cœur. Elle remarqua seulement la tenue – trop – légère de son amie, et jeta un bref coup d'oeil vers le couloir qui menait aux chambres pour tenter de discerner une activité humaine dans sa cette direction. Avait-elle de la compagnie ? Du bout du doigt, elle traça des dessins abstraits sur la cuisse nue de Kenna, non sans se délecter de cette vue parfaite qui l'accompagnerait tout au long de la nuit, même quand elle essayait de chasser ces pensées que beaucoup qualifieraient de « contre-nature ». « Il y a quelqu'un avec toi ? J'veux rien déranger, j'veux dire … Tu vois. » Non ce n'était pas clair, mais oui elle verrait. Parce qu'elles avaient l'habitude de voir leur colocataire avec quelqu'un d'autre, même en sachant que ça les énervait mutuellement. Et c'était bien ça le plus étrange. Bien que Maura ne veuille rien déranger, elle déplia ses doigts sur la peau douce de Kenna d'un air plus possessif, s'aggripa à cette cuisse qu'elle caressa de son pouce avec un mélange de tendresse et d'envie, dans le désir simple mais égoïste d'y laisser son empreinte. « Fais pas attention à moi, j'vais aller prendre une douche t'façon. » A contrecoeur là encore, Maura relâcha la blonde pour se lever. Elle tituba jusqu'au couloir, dut prendre appui contre le mur pour ne pas tomber. Le monde tournait, et Maura avait l'impression de tourner à contre-sens. Elle avait encore pris la fuite. Alors qu'elle aurait tout simplement pu dire à Kenna qu'elle n'avait pas envie qu'il y ait quelqu'un dans cette chambre, et qu'elle avait envie qu'elle fasse attention à elle, et personne d'autre. Le destin se permit de lui rappeler qu'elle n'était de toute façon rien sans sa colocataire lorsqu'elle se rendit compte qu'elle ne pouvait pas ouvrir seule la fermeture de son tee-shirt, dans son dos, et que ses tentatives ne faisaient que l'épuiser davantage. « Kenna ? » appela-t-elle à l'aide. Alors que cette dernière arrivait – comme elle venait toujours à son secours à un moment ou à un autre – elle murmura en l'observant dans les yeux, par miroir interposé : « Qu'est-ce que je ferais sans toi ? » demanda-t-elle avec un sérieux déconcertant. Cela incluait cette histoire de fermeture éclair bien sûr, mais aussi tout le reste. Ce nous qu'elle prononçait du bout des lèvres lors de confidences incertaines et de désirs indicibles.

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