Prince Ali est rentré [PV : Lee]

Prince Ali est rentré

Avec Lee Argent

Je remontais quelques instants de la cale ou j’étais, au sein du bateau ou je créchais. En effet, les cales de bateaux, c’était mon second habitat. Chaleur, humidité, odeurs suspectes que vous ne sentez plus à la longue, cambouis, huile, bref, tout un environnement qui en rebuterais plus d’un. Pas moi. Bon, ok, j’aurais préféré la gloire du capitaine ou de l’officier de pont. Mais après tout, la marine marchande dans les coulisses, c’était bien aussi. J’étais officier mécanicien depuis quelques années maintenant. J’étais sur un paquebot de taille assez minime, principalement dans du transport de passager au départ et en provenance de Juneau. La durée de mes missions dépendait généralement de la destination.

Bref, j’étais remonté de ma cale pour aller sur le pont. En effet, le bateau était en approche de Juneau. Comme dans tout port, nous mouillons à la limite de l’entrée de celui-ci, attendant le pilote pour la manœuvre finale. Le bateau était assez gros pour avoir un pilote qui l’accompagnait dans ses dernières manœuvres. J’étais content de revoir la terre ferme, même si le trajet retour pour Juneau n’avais pas été très long, à peine plus de trois jours. Mais il était vrai que voir la terre était essentiel pour moi, même si j’étais marin et que le large ne me dérangeait guère. C’était plutôt les attaches que j’avais en ville. Enfin « les », je dirais plutôt « l’attache ».

L’attache en question, c’était Lee. Ma meilleure amie et réciproque. Enfin, ce sentiment l’était, par contre pour moi, c’était tout autre chose. J’éprouvais plus que de l’amitié pour elle. Bref, vous l’auriez compris, je l’aime mais j’ai l’impression que cet amour est invisible. Malgré tout cela, nous sommes colocataires et je souffre un peu en silence de cette friendzone. Mais je ne désespère pas qu’un jour, les choses changent et que cela arrive.

L’heure était pour moi de quitter le navire et de rentrer quelques jours à la maison. J’étais au port un peu plus tôt que prévu et je ne faisais pas prier pour partir. J’avais tellement hâte de revoir ma petite chatte de compagnie, Lee. J’espérais juste qu’elle ne serait pas dégoutée par ma tenue quelque peu déconcertante. Ainsi que par mon apparence d’ours mal léché. J’avais une petite barbe de plusieurs jours et mon « bleu » de travail était tout crade. Malgré un lavage rigoureux de mes mains, elles étaient encore pleines de cambouis. Bref, une chose ultra sexy qu’un homme archi soigné ne devait pas faire.

J’ouvrais la porte de l’appartement, voulant faire une surprise. Comme à mon habitude fantasque, je voulais faire une entrée fracassante. En effet, dans la marine marchande, je devais ranger de côté ma personnalité fantasque pour mettre mon masque à la limite de l’autoritarisme. C’est alors que je fis mon entrée de la manière suivante :

"Prince Ali ! Sa seigneurie !
Ali Ababwa
À genoux, prosternez-vous
Soyez ravis
Pas de panique, on se calme
Criez vive Ali Salaam
Venez voir le plus beau spectacle d'Arabie"

Bref, j’étais rentré et je le faisais savoir…

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Prince Ali est rentré Δ Lawrence & Lee

Assise en tailleur devant le four, je regardais avec intérêt mon crumble aux pommes prendre forme. La métamorphose d’un gâteau n’était pas forcément quelque chose qui me fascinait en général, mais c’était mieux que de tourner en rond pendant des heures. J’en avais marre d’attendre. Attendre quoi ? Attendre qui, plutôt. Lawrence rentrerait d’un instant à l’autre et je ne l’avais plus vu depuis beaucoup trop longtemps. Je soupirai sans discrétion. L’appartement était trop vide depuis plusieurs jours, il n’y avait personne pour m’écouter me plaindre de mes clients chiants et surtout, personne pour faire la vaisselle à part moi. Bon, d’accord. Law ne me manquait pas seulement pour ses talents en matière d’assiettes sales. Il me manquait parce qu’il était un ami exceptionnel, parce qu’il me connaissait mieux que n’importe qui et parce qu’il était la seule personne que j’avais envie de voir le matin avant mon café. Et ça, fallait le faire.

L’odeur du crumble envahissait l’appartement et le rendait encore plus accueillant. Mon regard se porta sur l’horloge accrochée au mur. Quatre heures dix-sept de l’après-midi. Il avait dit quatre heures ! Un nouveau soupir m’échappa et je me levai. Le sol était trop dur pour mes fesses, finalement. Je me mis à faire les cent pas dans le salon, attachai mes cheveux dans une queue de cheval pour m’occuper, m’assis sur le rebord de la fenêtre pour observer le ciel sans nuages. Puis le four me cria que mon crumble était enfin prêt. Je souris et bondis hors du salon, enfilant mes gants de cuisine pour sortir mon plat du four. Alors que je me mis à renifler l’odeur du crumble chaud, une voix bien trop familière retentit dans l’appartement et mon visage s’illumina. Je déposai le plat sur la table et attendis quelques instants pour laisser Lawrence finir de se prendre pour Ali Baba, ôtant mes gants en riant. Je rejoignis finalement le salon d’un air élégant, digne d’une princesse, et pris un faux air hautain.

« Inclinez-vous pour Jasmine ! » lançai-je en posant un regard dédaigneux sur Ali Baba. Je ne gardai pourtant pas mon sérieux longtemps et un large sourire vint étirer mes lèvres. Je courus vers mon meilleur ami et lui sautai dans les bras, littéralement, ignorant le sale état dans lequel il se trouvait. « Laaaaaaaw ! » lançai-je joyeusement, enfouissant ma tête dans son cou. Une fois que j’eus posé les deux pieds au sol, je posai mes mains sur ses joues, un sourire attendri collé aux lèvres. « Tu m’as manqué, vraiment. » Ce n’est qu’à ce moment-là que je pris le temps de l’observer. Barbe de quelques jours, cambouis plein les mains, cheveux en bataille. « T’es vraiment crade » affirmai-je dans un petit rire. Tant pis, on ferait avec ! Je le pris par la main pour l’entraîner dans la cuisine, sans même lui laisser le temps de rentrer ses bagages. « Viens ! Je nous ai fait du crumble. Je sais, les desserts ça fait grossir, mais… y’a des pommes dedans ! » Et une tonne de sucre aussi, mais chut, ça faut pas le dire ! Tout en nous servant une grande part de crumble – et en léchant le couteau, pour éviter le gaspillage – je me mis à questionner mon cher colocataire, le sourire malicieux. « Alors, c’était comment ? Des anecdotes croustillantes à raconter ? » Oh, il savait que je n’attendais que ça !

PRINCE ALI EST RENTRÉ

Avec Lee Argent

Retrouver son chez soi après plusieurs jours d’absence faisait un bien fou, vous ne pouvez pas savoir. J’avais quitté le port vite fait bien fait et je ne m’étais pas fait priez, soyez en sûr. J’aimais énormément mon boulot, oui, c’est sûr, mais quand vous vivez dans un espace confiné, votre appartement vous paraissait énorme et gigantesque. Car là, au moins, vous avez la possibilité de sortir quand bon vous semble. Monter sur le pont et voir toute une étendue d’eau procurait une certaine sensation de liberté, mais ce n’étais pas pareil… Enfin bon, j’avais pris ma voiture que j’avais parquée quelques jours plus tôt sur le parking personnel et je filais à toute allure en direction de mon appartement. J’étais impatient de le retrouver, ainsi que ma Lee chérie. Arrivé sur le palier, je sentais une bonne odeur de pâtisserie ou de bonne cuisine, mais bon, quoique ce soit, l’air humait bon. Cette fille étais parfaite… à chaque fois j’avais un petit quelque chose quand je rentrais du boulot pendant plusieurs jours. A croire que je mangeais mal sur le bateau. On aurait pu croire que c’était la maitresse qui gâtait son toutou après avoir fait une bonne action… j’aimais ça. Si je pouvais remuer la queuqueue, je le ferais. Enfin bref, j’avais eu la folle envie de rentrer dans l’appartement en chantant Prince Ali, de la manière à moi, c’est-à-dire loufoque. Bien entendu, je m’étais presque fait violer sur place quand Lee avait entendu le son atroce de ma voix. Je chantais drôlement faux, mais on s’en foutait royalement. Inclinez-vous pour Jasmine… voyons… JE m’inclinais tant bien que mal. Ma révérence était des plus désastreuses…

« Mes hommages princesse Jasmine. J’espère que son altesse a passé une excellente semaine. Pour ma part, elle a été morose sans elle… »

Comme à chacune de nos retrouvailles, celle-ci étaient extrêmement chaleureuses et joviales. Au premier abord, ma prestance générale n’avait pas importuné ma meilleure amie. Mais je savais très bien que c’était la fille parfaite, j’allais avoir droit à mon petit commentaire sur ma négligence physique.

« Toi aussi tu m’as manquée. Moi crade ? Jamais. Non, mais sérieusement j’étais tellement pressé de te revoir que dès que j’ai pu me libérer de mes obligations, j’ai filé du port et je suis revenu en quatrième vitesse. Je n’ai pas cherché à comprendre… douche ou Lee ? Telle est la question qui ne s’est pas posée. Mais ne t’inquiètes pas, je vais arranger mon aspect physique très rapidement. »

Je lui adressais un immense sourire, toujours aussi content de nos retrouvailles. Puis je me faisais embarquer de force, sans qu’on me demande mon avis. En même temps, je ne me faisais pas prier pour suivre ma comparse ou elle m’emmenait. Du crumble. C’était donc ça l’exquise odeur que j’avais sentie en arrivant. Dans le mille. Lee avait mis dans le mille. J’adorais ça.

« Comme d’habitude, tu as mis dans le mille ma Jasmine. J’adore le crumble. Puis les pommes, ça compense tout, rassures toi. On est tellement gros qu’on ne verra pas la différence, tu sais ? »

Comme à chacun de mes retours, c’était : raconte-moi tout, tout tout tout, vous saurez tout sur le zizi. Bref, c’était notre rituel et il ne changerait pour rien au monde.

« Bah écoutes, toujours en couple avec ma clé à molette, mes bidons d’huiles et mon cambouis. Oh si, tiens, un passager m’a vu passer sur le pont quelques jours plus tôt… Je crois bien qu’il a essayé de me faire du rentre dedans. Malheureusement pour lui, je ne suis pas homosexuel, encore moins bi… alors bon. Enfin, tu me connais, j’en ai un peu joué quand même. Je me suis amusé un peu avec lui avant de le faire tomber de haut. Quand il à su, il est parti de manière furax. Bref, une bonne tranche de rire. Mais sinon toi, raconte-moi !!! Je suis curieux aussi ».

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Prince Ali est rentré Δ Lawrence & Lee

Lawrence était tout bonnement adorable. Sa semaine avait été morose sans moi, qu’il me disait. C’est vrai que la mienne n’avait pas été bien meilleure, puisque je n’avais eu aucune visite à l’appartement. J’avais pris l’habitude d’inviter ma famille lors des absences de Law, mais cette fois personne n’était disponible. Il y avait eu de quoi me faire râler, là, parce que ma famille était tellement importante pour moi que je ne pouvais pas passer trop de temps sans la voir. Et là, ça commençait à faire vraiment, vraiment long. Dans un sourire espiègle, je répondis à mon meilleur ami :

« Dans ce cas, emmène-moi sur ton bateau. Promis, j’aurai pas le mal de mer ! »

En Alaska, on passait beaucoup de temps en mer. Prendre l’avion était plus rapide, mais certaines zones – surtout aux alentours de Juneau – n’étaient accessibles qu’en bateau, alors forcément… ça nous connaissait. Et je n’avais jamais, au grand jamais eu le mal de mer. J’aimais les bateaux, même s’ils étaient minuscules pour la plupart et que le luxe manquait souvent. Mais il y avait ce sentiment de liberté, d’infinité, qui me plaisait terriblement. Et puis avec Lawrence à bord, ça ne pouvait qu’être génial, pas vrai ?

Une petite remarque sur son physique déclencha une vague de justifications. Il n’avait pas eu le temps de prendre sa douche, il était trop pressé de me voir, blablabla… ça me fit rire. Je n’en avais pas grand-chose à faire qu’il soit dans un sale état, de toute façon je n’étais pas du genre à me soucier de ce genre de détails. Et puis, sa barbe de plusieurs jours était plus attirante qu’autre chose. Je ne comprenais d’ailleurs pas pourquoi Lawrence était toujours célibataire… Il était beau, drôle, plutôt intelligent… bref, il avait tout pour plaire. Et malgré tout ça, il n’avait personne. C’était pour le moins mystérieux.
« Bonne idée, j’ai pas envie de croiser un ours pareil en allant aux toilettes cette nuit » lui répondis-je malicieusement, sans vraiment le penser. Il pouvait se promener en costume de lapin rose dans l’appartement que ça ne me dérangerait pas le moins du monde. « Par contre, faudrait penser à garder cette barbe. Pas en mode père Noël non plus, mais ça te fait un petit côté bad boy. C’est cool », ajoutai-je dans un sourire, cette fois-ci en pensant vraiment ce que je disais.

Voir le visage de Lawrence s’illuminer en découvrant le crumble aux pommes me fit sourire de plus belle. C’était devenu une habitude de lui préparer quelque chose pour son retour. Les desserts c’était ma spécialité, avec le spaghetti bolo. Le meilleur de l’univers, vous vous souvenez ? Law me rassura par rapport aux pommes, et sa petite plaisanterie me fit rire.

« Parle pour toi ! T’es tellement énorme que t’as plus vu tes pieds depuis des mois ! Moi, je vois le bout de mes orteils. Alors j’ai droit à deux parts de crumble. » Je lui tendis son assiette, rayonnante. J’étais aux taquets quand il était à la maison, mon Law. En fait j’étais tout le temps aux taquets, mais quand il était dans les parages, c’était pire. Surtout qu’il rentrait dans mon jeu – et je rentrais dans le sien – alors c’était souvent folklorique à la maison. Alors que je savourais ma première bouchée de crumble, je demandai des nouvelles à mon meilleur ami. Je ne voulais pas savoir comment se portaient ses machines, mais bien ce qu’il y avait eu comme histoires croustillantes sur le bateau. Et ça, il y en avait souvent. Mes yeux s’écarquillèrent lorsqu’il m’annonça qu’il s’était fait draguer par un passager. UN passager, au masculin. Ma bouche s’entrouvrit d’étonnement, puis un large sourire se dessina sur mon visage.

« T’es pas sérieux ?! » lançai-je joyeusement. « Ca m’étonne même pas que t’en aies joué… le pauvre, il mérite mieux qu’un enfoiré comme toi. » Mais je l’aimais tellement, cet enfoiré. « Tu t’engages jamais dans quoi que ce soit avec des filles, tu allumes un mec… Si t’as un truc à me dire, c’est le moment ! » Je pris une deuxième bouchée de crumble, les yeux pétillants. De toute façon, il savait bien que je n’avais rien contre les homosexuels. Mon frère l’était et je n’avais jamais cessé de l’aimer une seule seconde. Moi aussi j’aimais les hommes, alors je pouvais comprendre. Bon d’accord, c’était pas pareil, et alors ?

Lawrence me demanda ensuite de parler de ma semaine. Je soupirai et réfléchis un instant. « Oh, y’a pas grand-chose à raconter. Une cliente est arrivée en pleurs au salon parce qu’elle a rompu avec son copain… Dont le nom est gravé en grand sur son dos. » Un petit rire m’échappa, parce qu’après tout ce n’était pas mon problème. « Je l’avais prévenue, pourtant. » Je soupirai en secouant la tête. « Et sinon, j’ai passé mes soirées plus seule que jamais. C’était horrible. » J’eus une moue triste en posant mon regard sur le visage de Lawrence, avant de retrouver mon crumble avec plaisir.

PRINCE ALI EST RENTRÉ

Avec Lee Argent

Emmener une fille sur un bateau. Il y a des siècles de cela, cette pratique était interdite, faute de porter le plus grand malheur sur le bateau et l’équipage. Bref, ça pourrais être possible, si je lui payais un billet. Je pourrais lui faire passer sans soucis dans les cales, on serait ensemble plus souvent. J’avais bien une équipière officier mécanicien aussi. Ce milieu n’était plus réservé aux hommes. Mais je doutais fort que ça intéresse ma chère colocataire, Lee. Mais bon, nous étions de gros fous, alors bon…

« Bah écoute, je te prends un billet clandestin » et tu viens en mission avec moi. Tu vivras sur une paillasse dans la cale du bateau et au moins, je m’amuserais un peu. Car franchement, dans la marine marchande, ce n’est vraiment pas des rigolos tu sais. Je t’en ai assez parlé, je te l‘ai assez rabâché. Mais au moins, avec la folle que tu es près de moi, y à moyen que ma prochaine escapade soit plus drôle. »

Enfin bref, j’avais presque esquissé un sourire intérieur quand la sienne avait été aussi morose. Non, je n’étais pas malsain dans son esprit. J’espérais toujours un signe de sa part quant à une possible ouverture dans notre relation. J’étais à l’affut d’une brèche qui me ferais changer de point de vus vis-à-vis d’elle me concernant. Mais, bon, je me faisais énormément d’illusions. J’espérais toujours mais j’avais ce sentiment impuissant d’être vu pour un simple best-friend et rien d’autre

« Oui, je sais, je fais ours mal léché, mais si tu veux… tu peux me lécher. »

Oui, je faisais gros pervers en disant cela. Mais ma Lee en avait l’habitude, depuis le temps. Elle me connaissait par cœur et c’était réciproque. Enfin presque par cœur, hormis mes sentiments les plus sincères pour elle…

« Mais non, avoue que je suis un pur beau gosse quand même. Ça t’excites de me voir comme ça, dans ma combinaison de travail, tel un apollon transpirant le travail à plein nez. »

C’est vrai que généralement, je rasais ma barbe de près. Rigueur « militaire » presque. Mais bon, c’est vrai que je pouvais la garder, ça avait l’air de plaire. Que ne ferais-je pas pour tenter de faire plaisir à Lee ?

« Oh si je faisais le père noël, je ne serais pas sur de venir livrer tes cadeaux sous le sapin. Tout dépend de si tu es une fille sage ou pas. Il faudrait que je demande à mes lutins. » Je lui indiquais mes genoux tout en rajoutant : « Viens t’assoir sur les genoux du papa Noel et dis-moi ce que tu veux qu’il t’apporte. »

Puis nous nous dirigions vers la cuisine ou une part de crumble m’attendait. Il fallait le reconnaitre, Lee était une excellente pâtissière. Je dévorais presque ma part tout en discutant avec Lee. Ouais, j’étais tellement énorme que je devais manger énormément de fruits.

« Bah oui, t’as vu mon gros cul ? Le médecin de la marine me dit que je dois faire gaffe… » J’avais pris mon air sérieux avant d’éclater de rire. « Bah si je faisais plus de sport, je les verrais mes pieds, en attendant, y a autre chose que j’ai du mal à voir… » Puis je rigolais de nouveau à mes conneries, comme d’habitude. Nous en revenions au fameux sujet ou je m’étais fait draguer par un client sur le pont. Je m’étais royalement amusé avant de lui faire comprendre que les hommes… très peu pour moi. Ce qui fit demander à Lee si j’avais quelque chose à avouer…

« Bah écoute, si j’étais homosexuel, tu serais la première à être au courant, ou presque. Puis, on vit ensemble quand même, j’aurais ramené des mecs tu l’aurais vu, non ? Enfin, on vit ensemble… mais on n’est pas encore mariés… » J’esquissais un sourire qui planquait une certaine tristesse. »

Ma pauvre petite chatte avait passé d’innombrables soirées seules. Habituellement, quand j’étais absent, sa famille était souvent là. Mais apparemment, pas cette semaine. Bref, c’est alors que je concluais de la manière suivante :

« Maintenant je suis là pour une dizaine de jours, alors soucis réglé. Heureuse ? »

Puis je l'enlaçais, j'adorais caliner ma petite chatte.

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Prince Ali est rentré Δ Lawrence & Lee

Me prendre un billet clandestin pour que je puisse l’accompagner ? Ça, c’était une excellente idée ! J’étais même prête à lui filer un coup de main s’il le fallait, quitte à me retrouver avec du cambouis dans les cheveux, comme lui. C’est vrai qu’il me l’avait déjà beaucoup rabâché, que les marins n’étaient pas des rigolos. Après tout, y’avait de quoi être malheureux sur un bateau. Ils avaient peut-être choisi cette voie, mais la plupart des marins étaient incapables de fonder une famille, faute de temps et de disponibilité. Un gosse, ça ne s’élève pas en mer. Law m’avait déjà parlé de fonder une famille, mais je ne savais pas comment il comptait s’en sortir avec un emploi du temps pareil. C’était un grand point d’interrogation. Et un plus grand point d’interrogation encore, c’était la femme qui le ferait planer.

« Je te promets que ta prochaine escapade sera plus drôle. Et je vais les dérider, les autres marins, tu verras ! » Une promesse que je comptais bien tenir. L’idée d’accompagner Lawrence me rendit joyeuse, et j’avais soudainement vraiment hâte de prendre le large. Je me plaisais à Juneau, les montagnes étaient tout bonnement magnifiques. Mais changer d’air ne me ferait pas de mal, même si ça m’obligerait à fermer mon salon de tatouages l’espace de quelques jours. Tant pis, mes clients survivraient, n’est-ce pas ?

La remarque de Lawrence par rapport à l’ours mal léché me fit lever les yeux au ciel. Il manquait tellement de délicatesse, parfois… et pourtant, je ne parvenais jamais à lui en vouloir. J’étais un peu comme lui, parfois, et on ne reproche pas à quelqu’un des défauts que l’on possède aussi. Je ne répondis cependant pas, esquissant un simple sourire mi-amusé, mi-exaspéré. Il poursuivit en soulignant à quel point il était beau gosse et en me demandant d’avouer qu’il était attirant, ce qui me fit soupirer en secouant la tête. Il était en forme, tiens.

« Ouais, tu transpires le travail, effectivement. Et si je ne te connaissais pas aussi bien, je te traînerais à la douche tellement l’odeur est insoutenable. Mais comme je vis avec toi, j’ai l’habitude. » Alors que je m’apprêtais à rejoindre la cuisine, je me retournai vers lui. « Et pour ce qui en est d’être beau gosse… on se calme, j’ai vu bien plus beau que toi. » C’était faux. Mais ça, il ne devait pas le savoir. Lawrence enchaîna avec une connerie sur le père Noël. « Moi ? Bien sûr que je suis une fille sage ! Tes lutins n’auront absolument rien à me reprocher. Sage comme une image. » Mon sourire et mon regard se firent innocents, comme une petite fille qui chercherait à obtenir le cadeau qu’elle désire depuis des lustres. Et ce que je voulais comme cadeau… « Si papa Noël pouvait m’apporter un coloc’ qui fait le ménage, ça serait vraiment cool ! Comme ça je peux foutre à la porte le bon à rien qui me sert aussi de meilleur ami. » C’est vrai, ni Lawrence ni moi n’aimions le ménage. Du coup, le bordel régnait souvent dans l’appartement. Je ne faisais des efforts qu’à la venue de mes parents, et comme ils ne nous visitaient pas souvent… je vous laisse imaginer l’état de notre chez-nous.

Lawrence et l’homosexualité. Non, ça n’allait définitivement pas ensemble. Dès qu’on marchait en rue avec lui, les filles se retournaient vers lui et inversement. Et elles me lançaient des regards jaloux au passage, auxquels je répondais avec un sourire provocateur. Moi ? Chiante ? Nooon. Ce qu’il me répondit était totalement vrai. S’il ramenait des mecs, je l’aurais vu. Pour le moment il n’y avait eu que des filles, et à chaque fois je m’étais inventé une excuse pour ne pas rester à l’appartement. C’était la moindre des choses, et puis Law faisait pareil pour moi. Ce que Law ajouta me fit froncer les sourcils. On était pas encore mariés ? Je souris, amusée, avant de le questionner :

« Ah bon, parce que tu comptes te marier avec moi un jour ? Mauvaise idée, tu me supporterais pas à tes côtés jusqu’à la fin de ta vie. » Je comptais bien me marier, un jour. Mais c’est vrai que mon mari aurait à supporter une pile électrique vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Même à quatre-vingt-huit ans je danserais encore sur la table, j’en étais persuadée ! Alors que je me mis à me plaindre de cette longue semaine passée seule comme une crevette au milieu d’un océan, Law me rassura en me disant qu’il ne partirait plus avant une dizaine de jours, puis me prit dans ses bras. Je me blottis contre lui, profitant de cet instant qui ne durait jamais assez longtemps à mes yeux. « T’as intérêt à rester près de moi, oui. Sinon je vais fuguer et tu me retrouveras jamais. » Le gosse de cinq ans était de retour. Juste après, je fronçai le nez, parce qu’il sentait encore plus mauvais de près. Je le repoussai donc sans aucune gêne. « Dégage, tu pues » lui lançai-je, une pointe d’amusement dans la voix. « Tu reviendras quand tu sentiras la rose. » Je rejoignis le salon et m’affalai dans le canapé, me blottissant dans un plaid bien chaud. Pour pas changer, il faisait froid en Alaska. « Hé, c’est quand qu’on part au Brésil ? » criai-je à Lawrence. L’appartement était assez petit pour qu’il puisse m’entendre depuis la salle de bains. « Ils ont du soleil et du foot, on peut pas rêver mieux ! »

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Avec Lee Argent

Mon idée d’embarquer Lee de manière clandestine avait l’air de la réjouir au plus haut niveau. Il était vrai que cela rendrais mon séjour en cale bien plus décontracté qu’à l’accoutumée. Car même si avec certains de mes collègues, on déconnait pas mal, certains étaient plutôt coincés quand il fallait rigoler un bon coup. Je me rappelle même qu’une fois j’avais voulu faire une mauvaise blague à un de mes supérieurs, pour essayer de le décoincer un peu. Je m’étais fait passer un savon, monumental. C’est maintenant pour ça que j’étais limite devenu austère au boulot, froid et bizarrement distant. Trop sérieux comme mec, ça faisait peur par rapport à ma vie en dehors du bateau. Je ne me rappelle pas si Lee m’avais déjà vu au boulot, mais la comparaison était belle et bien effrayante. Enfin quoiqu’il en soit, elle me promettait que la prochaine escapade serait bien plus drôle. J’y comptais bien, sinon je ne l’embarquerais pas…

« Ah bah alors si tu me promets que la prochaine escapade sera bien plus drôle, je prends ta bonne parole comme celle de dieu. J’y compte bien. Je te dirais avec lesquels tu peux déconner facilement et ceux avec qui c’est plus difficile. Comme mon supérieur, la dernière fois que j’ai voulu déconner avec lui, j’ai payé d’un énorme savon. Donc faut mieux éviter. Je ne préfère pas retenter une nouvelle fois le coup. Mais je t’imagine bien déguisée en pouilleuse, ça t’irais bien je suis sûr… »

Je me mis à rire. Comme à mon habitude, j’avais fait une remarque très peu diplomatique et sans vraiment de grande finesse quant à mon statut d’ours mal léché. La poésie et la finesse linguistique, très peu pour moi. J’étais plutôt du genre à dire les choses brutes de décoffrage. Je savais que ça avait le don souvent d’exaspérer un peu Lee. Mais bon, à mon grand regret, je n’arrivais à être très fleuri dans mon vocabulaire. Mais bon, ma Lee choupinette avait l’habitude, je n’en doutais pas.

« C’est ça de vivre avec un mec célibataire qui fais l’ours. Tu dois supporter ses habitudes de vieux garçons sans cesse. Et encore, je t’épargne de laisser trainer mes caleçons aux quatre coins de l’appartement. Il fut un temps où je vivais tout seul, c’était l’anarchie. Mais je me suis dit que je vivais avec une demoiselle et qu’il faudrait que je sois un peu plus ordonné. J’avais peur de la fessée… quoique… »

Je venais de repartir une nouvelle fois dans mes allusions perverses et mes gros sous-entendus. Enfin bon, je me répétais, mais à trente ans, je commençais déjà à être dur de la feuille quand il s’agissait de me corriger.

« Oh ça j’en doute qu’il y a plus beau que moi. Je ne suis pas parfait et je ne prétends pas faire craquer toutes les filles que je croise. Même si j’avoue, j’ai un certain charme que j’aime mettre en avant. Aussi beau que mon père avec la pointe d’élégance de ma mère. »

Enfin l’élégance on y repassera. Vu mon langage… J’esquissai un nouveau sourire quand mon chaton contribuait à mon délire sur le père noël. J’adorais sa petite tête de fille innocente, ça avait le don de me faire craquer. C’est ça que j’appréciais chez elle. Malheureusement, j’évitais de me faire trop d’illusions. Je me faisais mal pour rien. Je multipliais les conquêtes de temps à autre, mais ce n’étais pas pareil. J’assouvissais justes mes besoins d’homme, ni plus, ni moins. Mais les relations sans amour n’étaient pas vraiment ma tasse de thé.

« C’est vrai que mes lutins confirment ton mensonge. Mais comme le père noël t’apprécie énormément, il t’apportera quand même tes cadeaux sous le sapin au moment venu. Le père noël va donc tenter de trouver un colocataire qui fait le ménage, ou au mieux essayer de changer celui que tu as. C’est peut être un défaut de fabrication. Papa noël te conseille d’aller le rapporter au magasin et de faire fonctionner la garantie. Et si vraiment ça ne marche pas, fait le reprogrammer. »

Puis nous repartions sur la blague ou j’avais fait semblant de jouer à l’homosexuel avec un passager du bateau. Je m’étais tellement payer une bonne tranche de rire ce jour-là.

« Bah écoute, nous vivons sous le même toit, nous nous supportons assez souvent. Bon, ok, je découche plusieurs jours par semaine. On ne partage pas le même lit. Mais c’est un peu comme si nous étions mariés, non ? Après tout, que fais-tu de notre contrat de mariage amical signé en double exemplaire ? »

Oui, je lui avais promis que je restais pour sur les dix prochains jours à Juneau. Ma prochaine escapade ne repartait pas avant ces délais-là. J’avais même eu droit à un petit câlin avant de me faire dégager sans ménagement car je puais. C’est vrai que je commençais à me sentir et que j’avais honte. Je me dirigeais donc vers la salle de bain en repoussant à peine la porte.

« Oui, c’est pour ça que je suis parti me laver. Je sentirais peut être pas la rose, mais l’homme, je n’ai pas envie de ton gel douche floral… »

C’est alors que je fis couler l’’eau chaude en me déshabillant pour entrer sous la douche. Dix minutes plus tard, je ressortais propre comme un sous neuf, en mode décontracté. Mon vieux short de style basketteur m’arrivant aux genoux. Comme à mon habitude de mec en chaleur, j’étais torse nu. Je voyais Lee dans le canapé, camouflée sous son plaid. Je me mis alors à côté d’elle en lui piquant un morceau, histoire d’être près d’elle.

« Partage ton plaide ma grosse, que ta bouillote te réchauffe. Le brésil ? Ce n’est pas une mauvaise idée. Pour le soleil surtout, tu sais, le foot, je n’aime pas. »

Etonnant pour un mec de ne pas aimer le foot, non ?

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Prince Ali est rentré Δ Lawrence & Lee

Effectivement, Lawrence ne laissait pas traîner ses caleçons partout dans l’appartement. De toute façon, s’il l’avait fait, je les aurais jetés par la fenêtre sans aucune pitié. Le fait qu’il me dise qu’il fallait qu’il soit un peu plus ordonné parce qu’il vivait avec une demoiselle me fit sourire. Finalement il en avait, de bonnes manières… Quoique, ce qu’il ajouta me fit bien douter sur ce point. Il était lourd, vraiment lourd. Mais c’est comme ça que je l’aimais, et puis il pouvait être sérieux quand il voulait. Et il ne voulait pas souvent. Je ne répondis rien, levant simplement les yeux au ciel en guise de réponse. S’il n’existait pas, celui-là, faudrait l’inventer. Et voilà qu’il se mettait à parler de son charme, sa beauté et son élégance…

« Pour l’élégance, on repassera… ou alors je plains ta mère », lui répondis-je dans un sourire.

L’histoire du père Noël était carrément adorable. C’est vrai que mon colocataire avait un défaut de fabrication, il ne faisait pas le ménage… mais dans ce cas, j’avais le même défaut. Les lutins étaient probablement endormis le jour où ils nous avaient fabriqués. Ah, le ménage. C’était toute une histoire. Je n’étais pas forcément très chiante sur ce point-là : des livres qui traînaient ou de la vaisselle pas entièrement faite ne me dérangeaient pas vraiment, surtout que j’étais la première à éviter de ranger. Mais quand on vivait à deux, fallait bien essayer de rester plus ou moins organisés, sinon on ne s’y retrouvait plus au bout d’un moment.

« Je remercie le père Noël pour ses précieux conseils », répondis-je en riant. « Je retournerai au magasin pour voir. Mais du coup faut que je le remette dans sa boîte, mon coloc ? Pas sûre de l’avoir gardée… » Je fis mine de réfléchir à l’endroit où j’avais bien pu mettre cette boite. Nous n’étions décidément pas normaux dans cet appartement.

Une fois dans la cuisine, voilà que Lawrence me parlait de mariage. Si je me mariais un jour, ce serait en doudoune-jean-baskets, c’est ce que j’avais décidé en étant enfant et je n’avais pas changé d’avis depuis. Oh, j’aimais me sentir belle, c’est sûr. Mais passer des heures à trouver la robe de mariée parfaite, quelle horreur ! En fin de compte, mes sœurs m’interdiraient probablement de me marier dans une tenue pareille et choisiraient ma robe pour moi. Tant mieux, ça m’éviterait de perdre du temps.

« J’imagine que je pourrais trouver pire comme mari. Mais y’a certainement mieux que toi aussi » lui répondis-je malicieusement. « De toute façon, ça se voit qu’on est pas mariés. On se dispute pas assez souvent. »

Y’avait de plus en plus de couples qui finissaient par divorcer, et je ne voulais pas de ça dans ma vie. Je préférais encore ne pas me marier du tout. Vivre au jour le jour, planer d’homme en homme… Oh, d’accord, je changerais probablement d’avis en trouvant l’amour de ma vie. Mais pour le moment, l’amour de ma vie préférait se cacher dans un buisson ou un tas de neige au lieu de se présenter à moi.

Installée dans le canapé, j’entendis couler l’eau de la douche, et l’odeur du gel douche pour hommes envahit l’appartement. Qu’est-ce que j’aimais cette odeur. Je savais très bien que Lawrence avait à peine fermé la porte de la salle de bains, mais je préférais river mon regard sur mon portable, qui affichait deux nouveaux messages. Nous n’étions pas forcément pudiques entre nous, mais il pourrait mal interpréter d’éventuels regards indiscrets. Et puis il était mon meilleur ami, je me comportais différemment avec lui qu’avec d’autres hommes, c’était normal.

Lawrence revint au bout d’une dizaine de minutes, torse-nu, vêtu d’un simple short de basketteur. Que beaucoup de filles craquent pour lui, ce n’était pas franchement étonnant. Mais ça, fallait pas le lui dire… il avait déjà assez la grosse tête comme ça. Il s’assit à côté de moi en me piquant un bout de plaid, ce qui me fit frissonner. Je me blottis contre lui, ravie qu’il ne sente plus aussi mauvais qu’à son arrivée. Au moins j’aurais tout le loisir de passer le reste de la soirée contre lui, à discuter de tout et de rien. C’est à ce moment-là que je réalisai que je me comportais plus comme une fille en couple avec lui qu’avec qui que ce soit d’autre, et cette idée me déstabilisa un peu. Heureusement, Law se mit à parler du Brésil, et cette étrange pensée s’envola.

« Je comprends pas comment tu peux ne pas aimer le foot… T’es complètement taré. » Je soupirai. J’étais l’une des rares filles à aimer ce sport, et voilà que Monsieur le Meilleur Ami n’aimait pas ça. « Il paraît qu’il fait chaud toute l’année, là-bas. Se promener dehors en maillot de bain, t’imagines ? » On n’en avait absolument jamais l’occasion en Alaska, c’était une triste histoire. « Promets-moi qu’on ira un jour », ajoutai-je en posant mon regard sur le visage de Lawrence, plus sérieuse que jamais. Je posai à nouveau ma tête contre son épaule, doucement. « Comment ça se fait que tu te poses jamais avec une fille ? » lui demandai-je sans transition, sortant simplement ce qui me passait par l’esprit. Moi ? Curieuse ? Pas du tout !

Prince Ali est arrivé

Avec Lee Argent

Franchement, que c’était bon d’être de retour chez soi après une bonne semaine parti en mission. J’avais donc me repos et j’avais demandé quelques jours supplémentaires, histoire de vraiment me poser. J’étais un peu fatigué de ces allers retours incessants. Mais que voulez-vous. C’était mon boulot, certes, mais quand vous n’êtes pas souvent chez vous pour vous détendre, à un certain moment, c’est dur à supporter. Fort heureusement, je me sentais assez solide pour supporter cette routine. Mais j’avais Lee quand je rentrais. Mon petit chat de compagnie. C’était quand même mon oxygène. Bref, j’étais sorti de la salle de bain, tout beau tout propre comme un sou neuf. J’étais venu me blottir contre Lee, en lui piquant bien entendu un morceau de son plaid. Sinon ça ne serais pas drôle. Cette image, si quelqu’un nous voyait, pourrais être prise pour une scène ou un petit couple se prélassais devant la télé. Hélas, ce n’étais pas le cas. A mon plus grand regret.

Un peu plus tôt, j’avais souris à son commentaire concernant mon élégance. En effet, je n’étais pas vraiment très chic dans certains de mes comportements ou de mes propos.

« Oh rassures toi, avec ma mère adorée, je suis plus chic. Attends, sinon je me ferais tirer les oreilles. Genre : Elle est ou l’élégance que je t’ai apprise mon fils ! ».

Nous avions remis sur la table le fameux sujet de noël que j’avais ironiquement lancé plus tôt à mon arrivée, avant que j’aille prendre ma douche.

« Tu verras, les vendeurs sont généralement conciliants. Je te donnerais le ticket de caisse. Sinon ils risquent de te tiquer quant à la reprise ou à l’échange. »

Nos délires faisaient vraiment peur quand nous n’étions pas des initiés à notre humour. En effet, il fallait s’accrocher. Les gens qui nous connaissaient étaient des habitués. Ceux qui ne supportaient pas notre humour décalé et décadent ne revenaient pas. Pour la plupart en tout cas.

Le mariage… Je ne sais même plus comment nous avons bifurqués sur ce sujet-là. Noel, mariage, bref, nous passions généralement du coq à l’âne. Je souris presque quand Lee me dit qu’elle trouverait surement un meilleur mari que moi. Je savais qu’elle me charriait, comme d’habitude. Mais dans le fond, je souffrais de cet amour à sens unique que j’éprouvais pour mon chaton.

« On est pas forcement obligés de se disputer non plus. Nous pourrions être un couple parfait, sans dispute ni querelles. »

Je souriais à mes propos. Mais dans le fond, pourquoi se marier pour vivre heureux ? Quand vous voyez le nombre de couples qui divorcent ? Mieux vaut éviter d’y penser, ou être vraiment sur… puis notre conversation canapé revenais sur le tas, concernant le foot. Drôle de truc pour un mec qui n’aimait pas le foot. Chez nous, c’était l’inverse. Mais après tout, ce n’était que cliché non ? Les filles jouent à la poupée et les petits garçons au foot. Bref, je souris à la réflexion de mon chaton.

« Hélas, je n’ai jamais vraiment apprécié le foot. Quand on me forçait à y jouer gamin, je faisais souvent la gueule. T’aurais dû voir la tronche que je tirais. Je demanderais à ma mère si elle n’a pas de photo de tournois de foot. Y a surement des clichés mythiques. »

Le Brésil. En effet, c’est un pays que j’apprécierais visiter. Il faudrait vraiment qu’on songe à prendre un billet d’avion et y aller. Hélas, ça se préparait pas mal à l’avance quand même.

« Se promener en maillot de bain, sous le soleil, sur une plage de sable… le rêve. Quand est-ce qu’on part ? »

J’espérais voir un sourire sur sa tête limite boudeuse. J’aimais la faire sourire, cela me procurait un bien fou. Non non, je n’étais pas un loveur amoureux de sa meilleure amie. Puis elle me posait une question sur mes relations amoureuses. Le comment du pourquoi je ne me posais jamais vraiment avec une fille. A vrai dire, je sortais bien avec quelques filles de temps en temps. Mais je n’arrivais pas à me donner pleinement à fond dans une relation. Je pensais trop à Lee. Mes relations, certes, j’assouvissais mes besoins d’homme « normal ». Mais cela s’arrêtais là.

« Bah écoute, j’aimerais bien me poser avec une fille. Mais à chaque fois que je trouve quelqu’un, ça ne colle jamais bien longtemps. Oh oui, je ne te cache pas qu’on s’amuse. Mais ça dure jamais bien longtemps. Je pense trop à quelqu’un qui me hante et je crois que ça gâche mes relations… »

La personne qui me hante, vous la connaissez tous…

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Prince Ali est rentré Δ Lawrence & Lee

Un petit Lawrence qui boude parce qu’il doit jouer au foot… J’aurais payé très cher pour voir ça. Plein de meilleurs amis se connaissaient depuis l’enfance, mais Law et moi n’avions pas eu cette chance. C’était venu plus tard, alors que notre complicité grandissait de jour en jour. Ce n’est pas pour autant que les premières années de vie de mon meilleur ami ne m’intéressaient pas, au contraire ! Il devait être à croquer avant… et puis il faut dire qu’il n’avait jamais réellement arrêté d’être un gamin. Moi non plus. Suffisait de nous écouter pour s’en rendre compte.

« Oh, s’il faut j’irai me mettre à genoux devant ta mère pour qu’elle me montre ces photos ! Un petit Lawrence tout mignon et tout boudeur… » lui répondis-je dans un sourire malicieux, attrapant la peau de sa joue comme on le ferait avec un bébé. N’empêche que je me moquais de lui, mais les photos de ma propre enfance étaient probablement épiques elles aussi.

Law semblait aimer mon idée de partir au Brésil, malgré son aversion pour le football. Pour ma part, que ce soit le Brésil ou un autre pays tropical, je m’en fichais bien. Tant qu’on transpirait jour et nuit et qu’on pouvait faire bronzette à la plage, ça m’allait parfaitement bien. Quoique… perdre du temps à bronzer n’était pas vraiment quelque chose qui m’attirait. Par contre, jouer au beach volley avec des hommes torse nu, ça l’était bien plus… Cette perspective m’arracha un sourire.

« Quand est-ce qu’on part ? Quand monsieur aura trouvé un peu de temps libre pour sa meilleure amie dans son emploi du temps de ministre », lançai-je à Lawrence en passant mes bras autour de son cou, tout sourire. Je n’étais jamais partie en vacances avec lui. J’étais rarement partie en vacances avec qui que ce soit d’ailleurs… je n’avais jamais quitté les Etats-Unis. Mon propre boulot m’en empêchait aussi, en quelque sorte. Si je fermais mon salon pendant trois semaines, ce serait trois semaines de salaire en moins, et cette idée m’effrayait.

J’avais ensuite décidé d’aborder un sujet relativement sensible avec Law, celui de ses nombreuses relations qui ne duraient jamais. Je n’avais jamais pensé à lui demander pourquoi, jusqu’à maintenant. Je hochai la tête en entendant ses explications… puis fronçai les sourcils à sa dernière phrase.

« Attends… quoi ? » Quelqu’un le hantait et l’empêchait de se poser ? « Pourquoi tu ne me l’as jamais dit ? Tu aimes déjà quelqu’un ! » J’affichai une moue songeuse, réfléchissant à la personne qu’il pouvait bien avoir en tête. Puis mon regard s’illumina. « Je le savais ! » je m’exclame. « Depuis tout ce temps t’es follement amoureux de Skylar ! J’en étais sûre ! » Un petit rire joyeux m’échappa. Ca faisait tellement longtemps que j’essayais de les caser, ces deux-là… Sky et Lawrence. Il me l’avouait enfin. Je me levai avec enthousiasme, lui laissant le plaid, avant d’agripper le téléphone fixe et de le tendre à mon meilleur ami. « Appelle-la. Maintenant. Et dis-lui. »

Prince Ali est arrivé

Avec Lee Argent

C’est vrai que les photos de moi quand j’étais petit et boudeur restaient comiques. Cela pouvait s’afficher dans les annales de ma vie. Lawrence le garçon qui boude quand il joue au foot. Lee savait me faire rire, elle était prête à se mettre à genoux pour voir ses photos. Je souriais en lui répondant :

« Pas la peine de te mettre à genoux pour la supplier tu sais. Si tu veux, la prochaine fois qu’on y fait un saut, on lui demandera l’album. Elle adoooorrrrrrreeeeeee le sortir, tu sais, donc ça ne sera pas un souci. Tu sais qu’avec mon frère, elle nous aime tous les deux, comme une bonne mère de famille qui ne fait pas de préférences… Mais père dit qu’étant son deuxième et dernier, je suis le chouchou a maman. »

Oui, c’était souvent que j’embarquais ma colocataire chez mes parents. D’ailleurs, la grande baronne l’aimait bien. A croire qu’elle était comme moi, qu’elle avait bon gout… bref, parfois, à nous écouter, c’était à se demander si nous n’étions pas plus que colocataires. Enfin, je corrigerais mieux en disant plutôt EN m’écoutant… Puis nous reparlions de partir au Brésil. Idée lancée par Lee quelques instants auparavant. C’est vrai que pour ma part, je pouvais m’absenter du boulot en prenant quelques congés, cela n’était pas des plus contraignant. Mais pour Lee, pas de travail, pas de rentrée d’argent. C’était quelque peu plus embêtant…

« Monsieur le Ministre vous saurais gré de lui parler d’une manière un peu moins désinvolte s’il vous plait. Vu mes fonctions et eu égard de mon statut aisé, je mérite que l’on s’adresse à moi de façon plus courtoise, polie et respectueuse. Je vous serais donc gré dans l’avenir de me prendre à la hauteur de mes fonctions chère demoiselle. »

Passé mes humeurs d’aristocrate ministériel, je repris quelque peu moins guindé et plus moi-même :

« Tu sais que pour ma part, je peux poser des jours de congé assez facilement. Puis avec mes cycles de repos, c’est plutôt facile de s’éclipser. Mais je crois que c’est plus embêtant pour toi vis-à-vis du salon… »

Tout en me faisant enlacer par ma meilleure amie et colocataire, j’en profitais pour faire de même. Nous étions plutôt tactiles pour des amis. C’était parfois un peu « douloureux » pour moi, vis-à-vis de mes sentiments pour Lee. Pour ma part j’avais au moins 10 jours presque d’affilé dans le mois de congés car souvent, j’enchainais les missions presque coup sur coup. Avec quelques jours de relâche de temps en temps. Entre deux « voyages ».

Puis notre voyage au Brésil à bifurquer vers mes relations amoureuses accumulées par le passé. Sans vraiment que cela ne dure. Ce que j’aimais bien avec Lee, c’est qu’on se mettait souvent à jour quand je rentrais de mes virées. Ce fameux petit rituel lorsque nous étions dans le canapé, comme aujourd’hui. Ou parfois à table. Bref, à chaque fois que je rentrais. C’était un peu un ordinateur qui trouvait un accès wifi et qui mettait à jour son logiciel. Voila comment nous décrire. Quand je lui avouais que mes relations « foireuses » étaient dues à une fille que j’avais en tête, je me mis à rire. Genre, je n’en avais jamais parlé. Quoi de plus normal quand la principale intéressée vous rejette gentiment. Sans savoir vos plus secrets sentiments vis-à-vis d’elle. Skylar. J’eu un sourire amusé pouvant être interprété comme une réponse positive aux propos de Lee.

« Skylar, c’est vrai que je l’aime bien… » Je décidais de jouer un peu, alors je pris le téléphone qu’elle venait de me tendre et j’appelais Skylar. C’est alors que je pris un accent plutôt oriental et je commençais à parler : « Bijour Madame, c’est chez vous la commande di couscous aux boulettes ? C’est bien pour 3 personnes ? Car y a un souci Midame, j’ai plus de boulettes… On fit commint ? » Puis l’appel fut interrompu. J’avais pris soin d’appeler en masqué. Je pris alors mon téléphone portable pour envoyer un sms à Skylar.

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