PATRONYME ▹ kelsey melda quinn. DATE ET LIEU DE NAISSANCE ▹ treize août 1990. OCCUPATION ▹ agent d'entretien dans des locaux professionnels. CLASSE SOCIALE ▹ quelque part entre basse et pas très élevée. ORIENTATION SEXUELLE ▹ amoureuse de l'amour parfois. hétérosexuelle. STATUT CIVIL ▹ mariage abîmé. CARACTÈRE ▹ douce kelsey, illusion amer d'une vie réussit, âme esseulée, brûlant de conquérir un monde qui lui fait peur. kelsey avec son sourire discret, et ses haussements d'épaules maladroits. kelsey qui dit merci, bonjour, au revoir. kelsey l'enfant sage qui étouffe les tempête dans son ventre. kelsey minable pantin qu'on lui dit. kelsey qui voudrait sauver le monde, mais que le monde refuse d'écouter. kelsey qu'est persuadée qu'un enfant donnerait un sens à sa vie. kelsey princesse de la retenue, maîtresse du bien paraître. enfant sauvage pourtant parfois. amoureuse de la vie mais pourtant incapable de vivre correctement.
LES PIEDS; monsieur et madame s'aiment. pas comme les autres, ils s'aiment pour la convenance, ne se tiennent pas la main, s'effleurent pour satisfaire le divin. monsieur et madame s'aiment, mais aiment dieu plus encore. lui qui a eu la grâce de leur offrir leur jolie vie, leur maison avec jardin, le travail à l'usine de monsieur, les qualités de couturière de madame. dieu est partout, sur les murs, dans les chambres. dieu qu'on prie le soir au dîner de bien vouloir exhausser nos prières. dieu a été partout, jusque dans la création tardive de l'enfant, de Kelsey. ce bébé tant désiré, mais que le seigneur sur son nuage refusait d'offrir. les médecins avaient toujours tords, quand ils émettaient l'hypothèse de la stérilité des parents. ils se sont fâchés, beaucoup, et un jour dieu les a écouté. elle a été un cadeau, une promesse aussi. un murmure qu'il faudrait être sages. LES JAMBES; belle enfant, avec son sourire réservé, Kelsey rayonnait. joli soleil, avec ses lèvres écarlates et son teint de porcelaine. à l'école, elle était l'ombre souvent en retrait qui observait les garçons jouer au foot, et ne plaisait pas suffisamment aux filles pour se voir octroyer le droit de se maquiller en cachette avec elles. elle lisait des livres Kelsey, des tas de livres. et elle coloriait les marges de ses cahiers. ça les rendait fières, les parents de Kelsey, de voir leur enfant si douce pousser doucement, se faire une place minuscule sans attirer l'attention des gens. elle priait le soir à table, souriait poliment. avec ses lèvres rouges, elle était la douce réalisation de tout ce qu'ils avaient toujours attendu. LES HANCHES; mais Kelsey a grandit. Kelsey avec ses hanches plus larges, sa poitrine naissante, et l'odeur de sa peau capable d’enivrer les sens. disparu l'enfant, c'est son père qui l'a vu en premier, quand il s'est retourné sur elle alors qu'elle dansait pieds nus dans le salon. un corps de poupée avec des seins naissants. c'est madame, qui s'en est chargée, de l'enfermer dans sa chambre, de la faire pleurer en lui racontant que la poitrine trahit le pêché, attire le péché. alors Kelsey sans comprendre pourquoi devait avoir fâché dieu. lui a qui elle parlait sans cesse mais qui ne lui répondait jamais. Kelsey qui s'est mise à détester son corps, et détourner le regard au sourire des garçons. une bonne un rien disait sa mère, une putain racontait son père. Kelsey avec son corps tout juste femme, qui s'enfermait pour pleurer et chasser toutes ces idées colorées qui venaient naître dans sa tête. chasser les amis, tuer le désir, s'isoler de tout ce mal autour. LE NOMBRIL; alors Kelsey a grandit en s'appliquant a être sage. étudiante brillante, littéraire passionnée, elle a refusé les opportunités qui s'offraient a elle pour plaire a cette mère toujours plus exigeante. elle a apprit a cuisiner et coudre sans jamais satisfaire la rigueur de son ainée. elle a accepté un petit boulot à la mairie, elle a trié les archives, et quand elle rentrait le soir, elle souriait doucement aux nombreuses remarques et recommandations de ses parents. elle a grandit et s'est aventuré à s'asseoir aux côtés d'hommes plus âgés qui s'asseyaient chaque dimanche à la paroisse. ils ressemblaient tous à son père, si fort qu'ils lui auraient donné la nausée. un jour Kelsey a détesté dieu, a finit par ne plus y croire, a prier pour la forme, l'esprit ailleurs. elle s'est mise à écrire, des romans que sa mère maudirait. elle a apprit a aimer la vie quand tombait la nuit, assise à sa fenêtre, a regarder s'allumer les lumières en tournant les pages de romans empruntés. oiseau cultivé, Kelsey a joué le jeu pourtant, pendant longtemps, de cette femme bonne a marier. LE VENTRE; et puis le vide dans sa poitrine a disparut. la fin du rien. c'était un soir comme un autre, quand elle est tombé sur lui. un homme parmi tant d'autres, et pourtant il ne leurs ressemblaient pas. elle a aimé l'ivresse de ses mots Kelsey, et tout ce qu'il dégageait qu'elle n'était pas. il était sombre là où elle rayonnait de bonté. elle est sainte et il était loup. alors elle l'a laissé l'emporter. une nuit, durant laquelle elle n'a plus été seule. un matin où elle s'est empressée de fuir. alors doucement s'est insinué le chemin de la vie dans son ventre plat. un bébé minuscule, une poussière dans son corps d'enfant. l'opportunité d'une autre vie, loin des parents et de leurs attentes perpétuelles, loin de tout. un enfant pour donner un sens a tout. elle a chéri son ventre presque aussitôt, parce qu'il lui donnait l'impression d'être vivante, enfin. plus tard elle retrouvait l'homme, le père, lui murmurait des angoisses maladroites, et ensemble ils se laissaient porter par les doctrines de leurs familles respectives. Kelsey s'est mariée. LA POITRINE; son corps de poupée s'est arrondit. le bébé a grandit, l'a fait grandir avec lui. elle était belle Kelsey, resplendissante sous ses traits de femme mal-assumée. elle a apprit à lire Marcus, à s'attarder sur les traits de sa mâchoire, et les manies qui rende sa vie routinière. elle lui a sourit un million de fois, portée par ce vent de légèreté qui soufflait sur eux. puis sa gorge s'est nouée. son ventre s'est vidé, et dans sa poitrine, l'écho trop long du silence. elle a pleuré sans un bruit, quand ils ont emporté l'enfant dans un drap pâle. elle a vu Marcus partir lui aussi, s'éloigner d'elle. elle s'est retrouvée là, recroquevillée sur un lit d’hôpital, vide et pleine de rien, la peau froide et les mains tremblantes. seule à nouveau. LA TETE; il boit, tout le temps, et elle le regarde sortir sans rien faire. parfois, elle effleure ses doigts, pour tenter de le retenir, mais il ne la regarde pas. quand elle murmure qu'elle voudrait un enfant, il balaye ses paroles, la froisse et blesse ce qui reste debout. il ressemble à son père à elle, ivre et idiot. elle ressemble à sa mère, enfant froide sûre de trouver un sens à sa vie au travers d'un ventre rond. Kelsey n'écrit plus, ou alors plus beaucoup. Kelsey n'avance plus, Kelsey tourne en rond. Kelsey brûlante qui s'obstine à éteindre les flammes, à laisser les gens filer. Kelsey qui parle à peine, et dont la voix se tait dans les silences. Kelsey comme un murmure, une caresse. | DREAM BIG un rêve pour combler le vide, un rêve pour remplir les trous. kelsey elle rêve d'un enfant comme d'autres rêves en grand. elle rêve pour combler l'absence qui fait parfois encore trembler sa peau. elle rêve de l'enfant pour remplacer celui qu'elle a perdu, le corps froid et chétif qu'on n'a pas voulu déposer dans ses bras. kelsey, elle rêve de voir son ventre s'arrondir, et les gens le regarder pour de bon. kelsey elle compte les pilules de sa plaquette et ronge les ongles de ses mains au point d'en oublier ses rêves de gamines. ceux qui lui laissait croire des choses pleines de couleurs. kelsey elle cache quelque part des boites pleines d'histoires, des lignes couvertes de mots: ses romans, ses histoires policières que personne ne lit à part elle. elle aurait voulu devenir écrivain. mais à force de s'entendre dire qu'elle serait bonne à rien, elle a finit par y croire. alors elle l'attend, son gamin. |